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Lionel présente AMMAR 808 - Ah Yallila

Pochette de l'album Club Tounsi d'AMMAR 808 Chroniques Musicales

 

808, le nombre magique. Celui, bien sûr, de la mythique boite à rythmes imaginée par Roland au début des années 80 et qui a projeté à cette époque la musique des machines dans son âge d’or électronique. C’est au travers de cet hommage explicite aux racines de la techno que le Tunisien Sofyann Ben Youssef a choisi de baptiser son nouveau projet solo Ammar 808.

 

Clin d’œil malicieux à la mythique boîte à rythmes Roland TR-808, ce nouveau projet télescope ainsi l’électro et les répertoires nord-africains. Si la formule n’est pas nouvelle (écoutez donc le collectif Acid Arab et avant lui U-Cef ou The Dissidenten), elle n’en reste pas moins efficace.

 

« Maghreb United » son premier album, sorti en 20218, est devenu un classique de la scène électronique nord-africaine. Club Tounsi est le troisième album du producteur tunisien AMMAR 808. Club Tounsi sort sur l’éclectique label Glitterbeat. Profondément enraciné dans son identité tunisienne, il s’agit également d’une joyeuse célébration dancefloor, mêlant les rythmes et l’instrumentation mézoudienne à une explosion incroyablement contagieuse de basses futuristes.

 

Instrumentation mézoudienne ? Voici un adjectif peu usité, qui appelle quelques éclaircissements. Le mezoued (arabe : مزود), mezwed ou chakwa est un instrument à vent traditionnel d'Afrique du Nord répandu généralement en Tunisie, mais il est aussi présent en Algérie et en Libye. Il est par métonymie, une forme de la musique populaire tunisienne.

 

Le mezoued resta longtemps ignoré par les instances culturelles officielles qui valorisèrent les formes de musique arabe classique au détriment de la musique populaire. Il se diffusa toutefois dans la culture urbaine des couches défavorisées et déracinées par l'exode rural. Il était alors vu comme l'expression d'un mal-vivre et d'une défiance vis-à-vis de la culture dominante, s'inscrivant volontiers contre les codes de la bienséance en adoptant un langage argotique et en traitant de thèmes provocateurs voire grivois ; ses plus sévères critiques associaient le mezoued au zendali, réputé comme le chant des taulards. Depuis, le mezoued, diffusé via le support cassette, s’est fait connaître et apprécier du grand public, notamment en raison de son aspect festif et de son caractère de culture de masse.

Écoutons ensemble « Ah Yallila », issu de l’album Club Tounsi d’AMMAR 808, sorti sur le label Glitterbeat Records.